Mes os, mes chers os, trop nombreux, trop saillants
Dans ce corps timide qui voudrait n'être qu'air
Je ne vois que vous, je ne sens que vous
Remuant sous ma peau vos pics intransigeants
Prêts à percer ce voile qui me tient lieu de chair
Où est donc passé le liant? Où s'est enfoui
Le nerf sensé irriguer de vie la vie
Et réchauffer mon sang comme le fait l'orgue au chant?
Hargneux gamins cognant bassement des genoux
Auriez vous réussi à dissuader l'esprit?
Auriez-vous choisi de faire triompher le fer
Et d'installer la mort au coeur même de la vie?
Mais non, voyez, une force d'en haut sur vous
A soufflé. Et vous vous relevez, vivants
Prêts à faire danser la chair qui vous avait fui
Inspiré d'Ezéchiel, 37, 1-14
Cathy De Plée - mai 2018
La dinde de Goya
Dort-elle ou est-ce son dernier soupir?
Vénus animale dont le corps s'étire
Avec nostalgie vers un ciel éteint
Elle s'offre, gorge intacte, aile en désir
Telle une femme nue qui n'attend plus rien
Les yeux fermés sur un rêve brisé
Le sein figé dans son manteau de geais
Elle repose. Et le sol est sa couche
Et ses jambes du bout des ongles touchent
Ce même panier qui lui sert d'oreiller
Et où, avoue-le spectateur, tu la vois
Déjà déplumée. Toi qui dans cent ans
Encore du regard la dégusteras
Tu ne cesses d'expier ce crime que Goya
Dément, commit par pitié en l'aimant
Cathy De Plée - Avril 2018
Francesco Goya, El pavo muerto, Madrid, El Prado
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