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Le pigeon

Un peu malingre au bord de la corniche
Où il campe sans dormir depuis tôt ce matin
Il semble écouter le vent clair de l'instinct
Qui le lie à cette invisible niche

La plume hirsute et sa robe sans teint  
En disent long sur sa vie d'errance qui fut riche
De riens Son oeil cave n'est pas de ceux qui trichent
Sans doute ne volera-t-il plus demain

Mais pour l'heure son léger torse bat encore
Dans le vent frisquet du matin il se replie
Epargnant la chaleur de son minuscule corps
Si seul et si petit dans le ciel gris 

 Il lutte sans pouvoir faire le moindre effort
Tout ligoté qu'il est dans ses plumes engourdies
Il lutte pour la force de ce mince filet de vie  
Que son humble courage honore


Cathy De Plée - Mars 2021

 

 

 

 

Déliée

Plénitude d'un moment
Sans rien d'autre que moi
Déconnectée de tout
Si ce n'est de ce parc

Déliée de ces mots si nombreux
Harponeux toujours prêts
A l'attaque

Mains en poche, sans un sac

Seule, les arbres
Seule, les gens, incarnés
Bien vivants

Oh mes pieds !

Quel plaisir ce chemin
Qui ne demande rien
Que marcher et le suivre

A mes yeux enfin libres

Savourez la plongée
Dans la bruine aérée
Où s'achève un peu grise

Cette longue journée

 

Mars 2021 - Cathy De Plée

 

 

 

Et si vivre

Et si vivre
C'était juste faire un pas suivi d'un autre
Poser le pied là où l'on est
Sentir sous sa plante le sol qui rassure
Et puis devant, même si ça craint
Poser l'autre, délicatement
N'étant jamais complètement sûre
D'être sur le bon chemin?

Cathy De Plée - Octobre 2019

 

 

 

c. Gus:

Dans leurs yeux

 

Dans leurs yeux il y a tant d'espoirs
Une plaine qui court à l'infini
Des pluies de perles de regards
Qui parlent de rêves inassouvis

Elle vit sa vie dans ces miroirs
La fillette qui n'a pas grandi
Se réchauffant d'infimes gloires
De reflets vite évanouis

C'est comme puiser à l'eau du puis
Boire à ces yeux qui sont des phares
Bien voir au fond qui a choisi
Puis se déshabiller dans le noir

 

Cathy De Plée - Février 2021