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Le son de la forêt

Elle est là sans rien dire depuis plus long que je ne suis
Sans rien dire n'est pas exact c'est plutôt que rien n'est bruit
Sous l'ombre cathédrale de son puissant feuillage de mère

Elle bruisse au souffle de sa respiration irrégulière  
Tantôt fachée comme l'océan tantôt légère brillant
De mille paillettes dans la délicieuse valse du vent  

L'accompagnent en choeur ses habitants murmurant les graves
Dans l'immense réseau de ses pieds jusqu'à l'élan de grâce
D'un petit bec sifflant là-haut sur une branche perché

Et les tressaillements furtifs d'un buisson aux aguets
Qui amusent le promeneur du moins tant qu'il fait encore jour  
Car lorsque la nuit tombe chaque son crie dans l'ombre des tours

Des bras noirs s'étirent dans l'épaisseur de l'obscurité
Etouffant autant qu'elle aiguise l'air devenu plus dense
Que la forêt même s'inquiète de son étrange silence  


Cathy De Plée - décembre 2021